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Bali, Lombok

La Gazette de Geneviève I            DIMANCHE, LE 27 SEPTEMBRE 2009.

UBUD, BALI

Bonjour tout le monde,

Nous voici, après plusieurs petits parcours, rendus à Ubud, capitale artistique de Bali. Nous sommes installés dans un petit hôtel charmant situé entre un terrain de foot et une rizière avec, d’un côté, une école d’art d’où retentissent les répétitions de joueurs de gamelan, de chanteurs et de flûtistes dès 9 h le matin jusqu’au soir, et de l’autre, une basse-cour où le coq s’exerce à séduire ses poules jour et nuit ! (Oui, je pense à vous, Michelle et Jean…). Il doit réussir, Caruso, parce que le matin, les poules s’en donnent à cœur joie.Un vrai maharadja dans  son harem! À ces sons, on ajoute ceux des grillons et des oiseaux de toutes sortes au lever du jour et ceux des grenouilles et des geckos la nuit. Tout ça, si vous fermez les yeux, sur fond discret du bruit des motos. Voilà ce qui nous encadre. Un petit peu plus loin, il y a une école pour les tout-petits et une école primaire. On entend donc aussi les enfants piailler, jouer du tambour, rire et crier… Quelle joyeuse turbulence !

Les joueurs de gamelan

Je ne sais pas pourquoi, mais il y a une harmonie entre tous ces sons. Je dois être en vacance !  Ça doit être la libre expression dans toutes les couches de la vie, des insectes aux plus grands musiciens et philosophes! Ça lâche pas. Moi, je ris,c’est pas possible ! Et en même temps, il y a une de ces douceurs dans l’air hindou. Le mot le dit : c’est in doux, doux, doux !!!! Bruyant, oui, mais doux ! Vivant du bout des orteils à la pointe des cheveux ! J’aime ça !

Mon cher Bill guérit sa mauvaise blessure. Je peux, si le cœur m’en dit, aller fureter un peu partout, toute seule comme une grande fille. Bill ne peut pas rester debout sans bouger plus de 30 secondes. Il doit marcher ou s’étendre. Alors, on prend des marches. J’ai beaucoup de difficulté à ne pas rester plantée devant tout ce que je vois, mais bon. C’est comme si chaque chose était faite avec tant de minutie et de détails que tout me porte à la contemplation. C’est une occasion pour moi d’apprendre à regarder plus loin…

Pour ça, je dois lever le menton, regarder devant plutôt que de tous les côtés : c’est beau aussi en avant !  J’apprends aussi à lever les pieds pour ne pas trébucher sur les trottoirs accidentés… Lève, Geneviève, lève !

Le grand ménage...

Hier, nous sommes allés dans la forêt des singes. Les sentiers étaient bien aménagés, excellents pour la marche rapide ! Tout en avançant, on pouvait y admirer les banyans, ces arbres dont les racines poussent sur les branches et retombent jusqu’à terre. Ça ressemblait aux forêts tropicales, pareilles à celles qu’on voit dans les vues! Un dôme de verdure. Et oh, plaisir incommensurable, toute cette végétation nous apportait un peu de fraîcheur.

Les singes nous barraient la route de temps à autre, assis par terre en famille. On les voyait déguster des pommes de terre, des bananes et les puces sur la tête de leur voisin. Il y en a un qui s’est juché sur la tête d’un touriste français et qui s’est mis à inspecter le fond de sa tête… Hum! Mise en plis gratuite !  Bill a fait remarquer que s’il n’avait pas de puces encore, il en aurait dorénavant !

Ce sont de petites bêtes poilues qui cherchent des pous dans la tête des autres. Comme nous ! Voyez-vous la parenté ?

Dans ce parc, il y a aussi des enterrements ! Ça fait bizarre de voir des gens regroupés autour d’un défunt, en pleine cérémonie, dans un parc de singes rempli de touristes qui singent aussi ! Je n’ai pas pu m’empêcher de satisfaire ma curiosité : j’ai demandé à un Balinais assis sur un rampart non loin de là de quoi il s’agissait. Il m’a répondu que la semaine dernière, le défunt a été enterré à cet endroit et qu’on lui a fait une petite cérémonie. Cette semaine, c’était la grande cérémonie et dans quatre ans, ils vont déterrer la dépouille et procéder à la crémation. Puis les cendres seront dispersées dans la nature. Pour s’approcher, il fallait porter le sarang, la ceinture et avoir les épaules couvertes. Moi, j’étais en pantacourt avec un t-shirt. Je ne pourrai donc pas vous décrire la cérémonie. De toute façon, Bill joggait sur une patte… Nous sommes vite repartis pour explorer d’autres sentiers. C’est tout de même bizarre dans la forêt des singes ! Quoique nous sommes parents… Bizzaroïdes à notre façon !

Nous sommes vite rentrés à l’hôtel déguster des bananes !

Réflexions sur la vie  à LOMBOK !

Bill vous a raconté que nous sommes allés à Lomboc Pratie, petit village de pêcheurs à l’intérieur de la ville d’Ampenam. Nous sommes arrivés au cœur de la pauvreté dans un taxi reluisant de propreté, avec air climatisé et chauffeur à l’avant. Nous avons croisé des chevaux tirant des ‘tits boggeys, des motos, des enfants à bicyclette, des piétons. Le chauffeur s’est garé sur un terrain boueux. Sortis du taxi, nous nous sommes promenés dans la rue menant à notre destination. On voyait dans les fonds de cours, ce qu’on appellerait des débuts de dépotoirs… Des enfants au large sourire et aux yeux plus brillants encore que le taxi, jouaient un peu partout, la frimousse crasseuse, les vêtements décolorés et tachés… Mais des enfants joyeux !  Quand je regardais en l’air, les gros ventres des 747 avaient déjà amorcé leur atterrissage. Quel écart, tout de même !

Avec toute cette pauvreté qui côtoie la richesse et toute cette richesse qui côtoie la pauvreté, je me demande laquelle des parties est la plus emprisonnée. À Senggigi, ville située à quelques km au nord de ce petit village, des gardes ouvrent et ferment les barrières des grands hôtels pour protéger leur clientèle (il s’agit presque de prisons dorées !). La pauvreté, elle, couvre le reste du territoire. La pauvreté court à l’air libre avec tout ce qu’elle comporte d’aventures, d’obstacles et de défis… L’un est libre de consommer et de travailler pour payer, et l’autre a la liberté de son temps ! Quant aux enfants, ils sont les mêmes partout; il n’y a que le costume qui change. Ils sont tannants, insouciants et vivent le moment présent. (Quoique le présent soit plus difficile pour les moins nantis.)

La joie, la grande joie, je la retrouve auprès d’eux. Quand on prend de l’âge, on cultive l’imagination négative galopante avec les inquiétudes et les «si», les «peut-être» et les «tout d’un coup» (ok, ça met du piquant, je l’avoue…).

C’est qu’on s’attache à tout… Qui dit attaché dit de la misère à bouger parce qu’attaché ! Attache ta tuque, tant qu’à y être !  Comme ça, tu perdras pas la tête ! On s’attache parce qu’on aime ce à quoi on est attaché. Not’maison… elle est pratique, not’maison, surtout en hiver…

Nos biens… Ce ne sont toujours bien pas nos maux, ce sont nos biens. Et tout plein de souvenirs s’y rattachent… et je ne suis pas sûre qu’on ne s’attache pas à nos maux, ils nous préservent de l’effort quelque fois (ok, je parle pour moi). Et les souvenirs ?  Ils peuvent encore nous servir ! Et les rôles que l’on joue ? C’est utile et ben d’adon pour plein de gens… Pis c’qu’on a l’air ?  C’est très important, l’air, pour une chanson et je ne vous dis pas pour respirer ! On est tellement attaché qu’on engage des hommes pour ouvrir et fermer des barrières. Oui mais si on est attaché à tout ça, comment on fait pour s’en détacher ?

C’est vrai qu’être détaché, ça ne veut pas nécessairement dire être tout nu, au beau milieu de la vie. Parce que là, on serait libre de grelotter. Être détaché… hum !  En fait, si on est détaché, on peut prendre un peu de distance pour regarder ce qu’on aime… On peut plus facilement le regarder aller sans penser que ça fait partie de nous comme des excroissances ! Hum ! On fait des beaux monstres, pareil !  La fiction peut aller se rhabiller !  Et dire que ça fait partie de la nature humaine…

Ô liberté !

Je suis libre de vous souhaiter l’abondance, préférablement dans le détachement ! Et le Bonheur !

Bisou, bisou, bisou, câlins,

Geneviève

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Classé dans Récits de voyage